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La représentation des artistes noirs sur le petit et grand écran en France

La représentation des Noirs en France au cinéma ou à la télévision a toujours été faible. Des professionnels tentent d’en expliquer les raisons, notamment à travers deux récents documentaires édifiants.

A commencer par Où sont les Noirs ?, de Rokhaya Diallo diffusé en 2020. Un titre pleinement assuré par cette journaliste française et militante antiraciste qui évoque sans détour un état de faits préoccupants en expliquant qu’il est quasiment impossible selon elle de faire citer cinq acteurs noirs français au grand public du pays! Pourtant, ce n’est pas le nombre d’acteurs talentueux de couleur qui manque en France. Acteur, réalisateur et scénariste français, Lucien Jean-Baptiste fait régulièrement rire le public français avec ses comédies telles que La Première Étoile et Dieumerci ! en plus d’être la voix française de Will Smith, Chris Rock et Ice Cube. Après ses prestations remarquées dans Les Enfants du marais de Jean Becker en 1999 et Lumumba de Raoul Peck,  Eriq Ebouaney compte une soixantaine de rôles et a été à l’affiche de grosses productions internationales telles que Femme fatale et Domino de Brian De Palma , Or noir de Jean-Jacques Annaud ou Kingdom of Heaven de Ridley Scott.

Le franco-béninois Hubert Koundé s’est fait connaître grâce à Métisse de Mathieu Kassovitz  avec lequel il aussi tourné dans La Haine, qui lui a valu une nomination au César du meilleur espoir masculin. Ayant séduit le grand écran grâce à Case départ, une comédie populaire sur l’esclavage, Thomas Ngijol continue de faire rire le public français avec ses comédies telles que Le Crocodile du Botswanga, Fastlife ou encore Black Snake. Remportant le César du Meilleur espoir masculin en 1987 pour son rôle de faux marabout dans Black Mic-Mac de Thomas Gilou, Isaach de Bankolé, a continué à surfer sur la vague du succès avec la comédie Vanille Fraise mais aussi dans des films hollywoodiens tels que Ghost Dog : La Voie du samouraï, The Limits of Control ou encore Black Panther. Révélée en 1988 dans Romuald et Juliette de Coline Serreau aux côtés de Daniel Auteuil,  Firmine Richard n’a jamais cessé de tourner depuis. On l’a vu chez François Ozon dans Huit femmes,  aux côtés de Marthe Keller dans Par amour et sous la direction de Lucien Jean-Baptiste dans La Première Étoile et Dieumerci ! Elle est actuellement à l’affiche de Maison de retraite de Thomas Gilou.

César du meilleur espoir masculin en 2020 pour sa comédie Tout simplement noir, Jean-Pascal Zadi a réussi à se distinguer en tant que réalisateur, acteur que rappeur. Devenu célèbre grâce à son groupe de rap « NTM »,  Joey Starr poursuit avec succès en parallèle une carrière de comédien, démarrée en 2000 au cinéma. Nominé comme meilleur acteur de second rôle pour Le Bal des actrices ainsi que pour son rôle dans Polisse , deux films réalisés par Maiwenn.   Un autre rappeur,  Stomy Bugsy, s’est fait remarquer  au cinéma dès ses débuts dans  Ma 6-T va crack-er , puis dans  Les Jolies Choses ou encore Gomez et Tavarès.

 

 

Difficile cependant de trouver l’équivalent des Denzel Washington ou de Halle Berry à la française.  L’industrie du cinéma ou de l’audiovisuel français a toujours peiné pour mettre en valeur les artistes de couleur et leur confier des rôles de premier plan « Les blockbusters américains avec des stars comme Will Smith ont un grand succès en France. Le public n’a aucun problème à voir des Noirs à l’écran, alors pourquoi les fictions françaises sont-elles si « blanches »? » s’interroge Amirouche Laïdi, président de l’association Averroes, qui défend le respect des minorités dans les médias. La réponse est que les producteurs ne veulent pas prendre de risques, par peur notamment de déplaire aux chaînes de télévision qui sont leurs premiers financeurs. »

Dans Le monde racisé du cinéma français, un documentaire de 52 minutes sorti en 2020, le réalisateur Blaise Mendjiwa explore également les questions du manque de diversité et du cantonnement des acteurs noirs à des rôles stéréotypés dans le cinéma français. « Quand je vois le cinéma français, je remarque qu’il n’y a aucune représentation de la société telle qu’elle est aujourd’hui ! s’exclame Mendjiwa. On assiste à un cinéma d’entre soi où une partie de la population ne se reconnait pas ! ».

Cas à part et exception à la règle avec le très populaire Omar Sy qui, dix ans après s’être fait connaître aux Etats-Unis grâce au film Les intouchables , a su capitaliser sur ce succès et mener de front une carrière des deux côtés de l’Atlantique.  La preuve récemment avec la série Lupin dont il est le héros et  diffusée sur la plateforme de streaming Netflix avec laquelle il a récemment de signer un contrat de producteur et acteur dans de futurs projets. Du jamais vu pour un artiste français…