Lukas Dhont. Photo: Hunter Abrams, 80th Annual Golden Globe Awards

Lukas Dhont: ‘Avoir été nominé 2 fois aux Golden Globes, cela n’est que du bonheur !’

“Girl” sur l’histoire d’une jeune danseuse trans avait été nominé dans la catégorie du meilleur film étranger aux Golden Globes 2018. “Close” sur l’histoire d’amitié de deux adolescents séparés, de manière tragique, faisait partie des nominés pour le meilleur film étranger aux Golden Globes 2023. Ces deux longs métrages ont été mises en scène par le belge Lucas Dhont, président du jury de la Queer Palm pour ce 77eme festival du film de Cannes.

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https://goldenglobes.com/articles/lukas-dhont-2-golden-globe-nominations-is-nothing-but-happiness/

Il a répondu en exclusivité à nos questions.

Le film roumain ‘Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde’ (Trei Kilometri Pana La Capatul Lumii) de Emanuel Parvu suit la vie d’un adolescent qui est violemment agressé pour son homosexualité. Il a remporté la Queer Palm 2024. Quelle est l’origine de ce prix ?

La Queer Palm a été créée il y a déjà 14 ans. Elle récompense chaque année un long-métrage et un film court issu des sélections cannoises, aussi bien de la sélection officielle que d’un certain regard, la semaine de la critique et la quinzaine des cinéastes par exemple. C’était un honneur pour moi de présider le jury mais je ne suis pas seul à voir décider puisque j’ai 4 collègues à mes côtés qui, comme moi, ont assisté aux projections de tous les films Queer de cette édition 2024 du Festival de Cannes. Notre but est d’attirer l’attention du public sur un film queer en espérant que ce prix va le faire découvrir à de nombreux spectateurs.

Comment jugez-vous l’évolution du cinéma queer de nos jours ?

J’avais remporté la Queer Palm, ainsi que la caméra d’or, lors du Festival de Cannes 2018 pour mon premier long-métrage ‘Girl’. Je suis le premier un pouvoir juger de manière positive l’évolution du cinéma Queer en 2024. Il y a cette année 17 longs métrages qui étaient éligibles pour la Queer Palm à Cannes. Nous avons plus d’opportunités pour raconter nos histoires et un public plus large qui souhaite voir nos films. Mais il y a encore du chemin à parcourir pour que toutes les sensibilités de ma communauté puissent s’exprimer à travers le 7e art.

Est-ce que participer au festival vous inspire pour de nouveaux projets ?

J’aime voir le travail d’autres artistes et suivre l’évolution du cinéma queer à travers le monde mais être à Cannes cette année me permet surtout de sortir de ma bulle et de faire une pause. Je suis en pleine écriture du scénario de mon prochain film et j’ai tendance à m’enfermer comme un ermite. Lorsque j’écris, je m’isole du monde extérieur. Cette proposition de venir au festival m’a tout de suite séduite même si je n’aime guère abandonner mon bureau d’écolier lorsque je suis en période de recherche pour mon script.

Que pouvez-vous nous dire de votre prochain film ?

Depuis mes débuts j’écris ce que je connais. Si ‘Girl’ et ‘Close’ étaient avant tout des histoires durant l’adolescence, j’ai envie de raconter une histoire plus adulte mais il est encore beaucoup trop tôt pour entrer dans les détails car je ne suis qu’aux balbutiements de ce long métrage. J’ai la chance de travailler en étroite collaboration avec mon frère, Michiel, qui est le producteur de mes projets et qui a fait le déplacement avec moi à Cannes ce qui nous permet de continuer à évoluer sur mon prochain tournage tout en étant à ce festival.

Vous semblez vouloir espacer la sortie de vos films de 3 ou 4 ans. Pourquoi ?

C’est le temps dont j’ai besoin pour préparer, trouver mes idées, écrire, tourner, faire la post-production puis suivre mes films à travers le monde. Cela peut sembler étrange mais je suis un introverti qui oublie sa timidité lorsqu’il s’agit de présenter mon travail aux spectateurs. Je passe littéralement de longs mois en ne sortant pratiquement pas de chez moi à une période intense sur les plateaux de tournage puis je m’enferme à nouveau pour le montage et j’essaye de me transformer en Ambassadeur pour mon film en parcourant la planète de festival en Première ou soirées de gala.

Vos 2 premiers longs-métrages ont été nominés à chaque fois dans la catégorie du meilleur film étranger aux Golden Globes…

Avoir été nominé 2 fois aux Golden Globes, cela n’est que du bonheur ! Cela a permis de faire découvrir mes films a de nombreux américains et d’avoir la chance d’aller à la rencontre d’un public international.

Depuis votre première participation à la cérémonie des Golden Globes avez-vous rencontré des artistes américains qui vous ont donné envie de tourner un film aux États-Unis et en anglais ?

J’ai fait de nombreuses rencontres comme celle de Margot Robbie que j’admire mais je crois que c’est ma rencontre avec Emma Stone qui reste l’un de mes meilleurs souvenirs et j’adorerais collaborer un jour avec elle mais j’ai été bien trop timide lors de notre brève discussion pour lui demander si elle avait vu l’un de mes films ou pas. De toute façon, je continue pour l’instant à écrire et tourner mes films en mélangeant le flamand et le français car je suis belge et fier de mes origines.